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andré cohen aknin - Page 5

  • Avec les voix de la terre

    Dans la lettre N°3, j'ai évoqué Jérémy Cronin, poète sud-africain. J'ai l'ai découvert dans l'anthologie "Poèmes d'Afrique du Sud" composée par Denis Hirson (1). Une anthologie avec des poèmes souvent nés à l'oral, venus du bantou, du bochiman, du zoulou, du xhora et traduits en anglais ou en afrikaans.

    L'écriture de Jérémy Cronin puise dans la terre, les voix qui l'entourent, celles des hommes, des femmes, des enfants, les paysages qui illuminent, les dialectes, les couleurs de peau, le noir du charbon, le brun des montagnes. On entend les syllabes nées dans les taudis, le tremblement des wagons et les voyelles à peau tendue. 

    Ses mots résonnent, ils nous disent combien il faut faire attention à chacun autour de nous, à chaque chose. C'est là qu'il faut puiser notre force, avec les voix de notre terre.

    Il a vécu l'apartheid.

    Denis Hirson rapporte dans l'introduction de son anthologie les paroles de Oupa Thando Mthimkulu :

    Il n'y a pas pire que l'exil à l'intérieur du pays”

    Denis Hirson poursuit : mais peu de poètes sont pour l'instant en mesure de donner forme à la mémoire de l’apartheid. 

    Ce qu'ils ont su faire, par contre, c'est inventer les voix de la terre, conscients que son avenir est une énigme plus qu'un rêve.

     

    Voici le texte de Jérémy Cronin, Apprendre à parler :

    Apprendre à parler

    Avec les voix de la terre,

    Fouiller les discours de ses rivières,

    Saisir dans le grognement confus,

    Bégaiement, cri, appel, bredouillement, embrouillaminis

    Un sens de l’essence de ces pierres

    D’où tous les mots sont ciselés.

    Suivre avec la langue la voie des wagons

    Disant le suffixe de leurs maux en -kuil, -pan, -fontein,

    Dans des noms d'eau qui confirment

    La sécheresse de leurs façons.

    Voir les lieux d'occlusion, ou comment

    L'aurore lèche un marais.

    Ensevelir ma bouche dans le creux de ton bras,

    Dans ce planétarium,

    Début pectoral du cœur du temps

    Là en bas près du niveau d'eau, sentir

    La pleine lune battre

    Dans l'arrière-gorge

    Sa voyelle de peau tendue

    Écrire un poème avec ces mots-là :

    Sur la tête de ma mère

    Stompie, stickfast, golovan,

    Sangololo, juste boombang, juste

    Pour comprendre les moindres inflexions

    Exprimer sans avaler

    Les syllabes nées dans les taudis, ou attraper

    Le train de cinqueuetqua

    de Channisbou, arriver

    Au chant de basse de l’équipe des mineurs

    Lueur minérale de la résolution sans faille de notre peuple.

     

    Apprendre à parler

    Avec les voix de cette terre. (2)

    (1) Poèmes d'Afrique du Sud, Anthologie composée par Denis Hirson, Ed. Actes Sud et Ed. Unesco. 2001

    (2) Jérémy Cronin, Apprendre à parler. Il est né en 1949, il a étudié la philosophie à l’université du Cap et à la Sorbonne.

    André Cohen Aknin (AAKC)

    Lettre d'un colporteur-liseur N° 4

    PS : Si vous souhaitez partager ces lettres sur vos réseaux, n’hésitez pas.

  • Lueur

    L'homme périt de son propre venin

    Mais s'élève dans la lueur qu'il esquisse

     

    C'est ce que nous dit Andrée Chedid (1), une femme qui s'est nourrie de rencontres à travers l'Egypte, le pays de sa naissance, le Liban, puis la France. Elle a su être à l'écoute des hommes et des femmes ; elle a aimé leurs langues, s'est délectée de chaque coin de rue, de chaque bout de terre, de chaque voyelle. Ses écrits, romans - nouvelles - poésie, révèlent son talent et sa générosité ; ils nous disent combien les épreuves et la souffrance sont présentes, mais aussi qu'il y a une lumière et qu'elle est à notre portée, parce qu'elle est en NOUS !

     

    Eveille en toi l'autre regard !

    Celui qui transgresse le monde

    Et distance le monde singulier (2)

     

    Dans un autre poème, elle nous dit encore :

    Nous jouons l'existence 

    Contre un décor

    qui fuit

     

    Ils meurent nos vieux soleils

    Ils meurent pour mieux renaître ! (3)

     

    Nous sommes heureux, Geneviève et moi, d'avoir rencontré cette dame attentive aux autres, d'avoir ressenti son énergie, sa chaleur humaine, d’avoir donné sa poésie en public. Sa vibration est toujours présente.

    Andrée Chedid, “Poèmes pour un texte” (1970-1991). Ed. Flammarion. Extraits de 1) Le mouvement p.63 - 2) L'autre regard p.51 - 3) Pour renaître p. 65

    André Cohen Aknin (AAKC)

    Lettre d'un colporteur-liseur N° 2

  • La poésie nous accompagne

    La poésie nous accompagne

    “Si tout poème est une fête, il est en même temps une arme” écrit le poète Guillevic

    Sommes-nous alors dans un combat ? 

    Oui. Un combat contre l’aveuglement énergétique et social, l’individualisme, le manque de courage et de perpectives.

    C’est pourquoi, le Collectif citoyen appelle à un réveil, chacun à sa mesure, pour aller à la rencontre de l’autre, pour partager, ici à Bourg-de-Péage, pour imaginer des transitions dans cette période bouleversée que nous vivons, pour agir, et, ceci, dans l’intérêt de tous.

    Ma mesure est de dire que ce partage peut aussi se faire par les mots des poètes.

    Leurs poèmes ne se nourrissent pas que de roses et d’oiseaux ; ils ne nous parviennent pas de limbes inaccessibles et ne sont pas qu’un souvenir évanescent d’un lointain passé scolaire.

    Leurs poèmes ont leur place parmi nous, au plus près de notre quotidien ; ils savent nous sublimer, ouvrir notre horizon. Guillevic écrit : 

    « Il y a des limites 

    partout tu en trouveras

    Sauf dans ton désir 

    de les franchir”

    La poésie est à tous ! Elle nous tient éveillés, vigilants, comme le souligne Philippe Jaccottet : le travail du poète est… “de veiller comme un berger et d’appeler tout ce qui risque de se perdre s’il s’endort”

    La poésie avance. C’est pourquoi, j’en suis convaincu, elle fait partie de cette transition, dont nous parlons si abondamment. Et avec elle tous les autres modes d’expression culturelle.

    Je voudrais apporter ici, de temps à autre, le texte d’un poète pour nous accompagner.

    André Cohen Aknin (AAKC) 

    Lettre d'un colporteur-liseur N° 0 publiée sur le site LE PEPS

    *

    Voici la lettre N°1 :

    Chers tous,
    Comme vous le savez, je suis un colporteur-liseur depuis de nombreuses années, seul ou en compagnie de Geneviève Briot et parfois avec d'autres lecteurs, des musiciens.
    La situation d'urgence à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui, pour cause de coronavirus, ne me permet pas d’être près de vous, physiquement s'entend. 
    C'est pourquoi je prends un autre chemin. Je le ferai par mail, comme si je vous donnais un texte à l'oreille.
    Je vous adresserai, de temps à autre, quelques mots et des textes de poètes, de ces hommes ou de ces femmes volants pour qui le temps ne compte pas et qui savent avant l'heure.
  • Hors les murs - interview

    Dimanche 15 septembre, nous avons eu le plaisir de participer à “Hors les murs”, un événement organisé par Radio Méga et le village de Geyssans. Lors d’une interview, nous avons pu rappeler notre démarche poétique et dire quelques poèmes. Nous avons ensuite échangé au long de l'après-midi avec des visiteurs et même dit des textes à l'oreille…

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    Interview :
    podcast

  • Hors les murs Radio Mega

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    Radio Mega a choisi Geyssans pour un échange culturel avec les habitants.

    Rencontres et festivités le dimanche 15 septembre 2019 de 14h à 21h

    L'association Bleu 31 sera interviewée à 14h à propos de ses actions poétiques.

    Nous serons également présents dans l'après-midi avec nos livres pour vous rencontrer.

  • En suivant François Cheng

    "Consens enfin à être
    L'humus sans fond
    Pour retourner la vie
    De fond en comble"
    François Cheng
     
    Nous avons quitté la maison qui a résonné de poésie
    nous avons quitté le chêne qui nous a rassemblés
    et les arbres qui portent des noms d'enfants
     
    Nous sommes lavés du passé
    nous parlons à la rivière
    Geneviève
     
    "Les désirs que nous portons en nous
    Ne sont-ils bien plus grands que nous ?
    Si grands qu'ils rejoignent l'originel
    Désir par quoi la lumière fut."
    François Cheng

  • Un été au Baz'Art des Mots

       

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         Nous sommes en février. Le vent est au sud-ouest et le ciel a ce gris légèrement teinté de bleu qui annonce la pluie. Un temps à faire les librairies. Nous cherchons des bouquins de poésie pour les offrir au "coin lecture" de notre village. Lors de la lecture de Geneviève en janvier organisée par l'association Bleu 31, nous avions convenu que la participation des spectateurs serait consacrée à cet achat. Faire lire la poésie, la faire vivre est notre action depuis des années. Nous pensons à la librairie de Hauterives Le Baz'Art des Mots. C'est un coin de verdure où s'entassent des livres imprévus, dénichés par Alain Lèze, toujours à l'affût d'un auteur, d'un éditeur à faire découvrir. Un semblant de fouillis qui donne envie de chercher la perle rare. Alain, le libraire passionné est là. Il "touche" comme on disait dans mon quartier quand on parlait de mobylettes. Qui plus est, il est sensible à la poésie ! Il a le verbe haut, vous brosse l'actualité littéraire en quelques phrases et trouve le livre qu'il vous faut. "Ce livre est pour toi ! ", voilà son expression favorite, car il connaît aussi ses lecteurs. Une paye qu'on se côtoie, Alain et nous, depuis son pied-à-terre rue de la Banque à Romans où il s'occupait de diffusion. Quand il est devenu libraire, il nous a accompagnés à chaque sortie de nos livres. Alain n'est pas seul dans l'aventure, il y a Patricia, sa compagne. Plutôt discrète, mais pas moins passionnée.
         Ce jour de février, tout en choisissant nos bouquins de poésie, nous échangeons avec Alain sur les nouvelles parutions, sur les projets des uns et des autres et, bien entendu, sur son festival dans les jardins statuaires de la librairie. Là, ni une ni deux, il m'invite en tant qu'auteur pour le prochain, les 14 et 15 juillet. J'en suis ravi. C'est un plaisir de lire ici au Baz'Art des Mots comme nous l'avons fait depuis des années, déjà dans les anciens murs du Baz'Art. Mais quand il m'annonce le thème, je tique un peu. Il s'agit de "campagne", de "nature". Zut ! La nature ne m'a jamais trop inspiré. Bon, je me dis, j'ai le temps, nous ne sommes qu'en février.
         Puis, arrive un jour d'avril. Je suis assis dans une brasserie de Valence, à midi, à l'heure où le bruit des couverts se mêle aux voix feutrées. À mon côté, un carnet à spirale et un crayon taillé. Un léger vent enveloppe mes doigts. Là, à mon grand étonnement, le texte, que je ne pensais pas pouvoir écrire, sort d'une traite. Il révèle ma découverte tardive de la nature, mes réserves et mes engagements, les livres qui m'ont ouvert ce rapport aux éléments et aux corps, à la présence des hommes et des femmes. Ce jour-là surgit une voix en particulier.
        Dès le texte achevé, je sens qu'il me faut le donner avec Juan Antonio Martinez, avec qui j'avais fait une lecture à Romans, au temps de Cours Jardins & Résonances. Je l'ai connu au théâtre. Il a mis en scène certaines de mes pièces. Je l'ai aussi entendu donner un chant amérindien dans une église à Lyon, il y a fort longtemps. J'ai envie de mêler nos voix, nos chants.
        Arrive le premier jour des lectures dans le jardin statuaire. Un quatorze juillet. L'ordre de passage des auteurs sur les deux jours a été modifié pour cause de coupe du monde de football ! Les livres des auteurs invités sont à l'extérieur sur les tables où ils pourront signer. Alain présente les artistes avec son enthousiasme coutumier. Il annonce que ce festival deviendrait un festival annuel.
         Juan et moi débutons. Nos deux voix se mêlent dans une rondeur, un rythme qui conviennent parfaitement au texte. La complicité est là, la même qu'il y a 20 ans. Seuls les chants auraient besoin d'amplitude.
        Le public est nombreux. Les lectures se succèdent sous le regard bienveillant d'Alain, de Patricia et de l'équipe de bénévoles. Elles se poursuivent malgré des averses. On se contente d'abord de couvrir les tables. Puis le vent se met de la partie. Chacun, public compris, transporte les piles de livres à l'intérieur de la librairie. Nos habits sont trempés. Il émane néanmoins une atmosphère de bien être. Nous savons que nous vivons un partage digne du Baz'Art.
         Au repas du soir, Alain et Patricia prennent la parole, sourire aux lèvres. On lit cependant sur leurs visages la fatigue d'avoir organisé ce festival. Inviter une vingtaine d'auteurs, ce n'est pas rien ! Les conversations autour des tables vont bon train. On parle de bouffe, de musique et des lectures. On blague. On rit. La vie quoi ! Et lorsqu'on se quitte, on se promet de se revoir bientôt.

         Nous ne savions pas que ça serait si tôt. Trois semaines plus tard, nous apprenons le décès d'Alain, suite à une crise cardiaque. Nous nous sommes retrouvés le 10 août dans le jardin statuaire à l'endroit-même des lectures de juillet. Patricia a parlé, puis des lecteurs et amis ont rendu hommage à Alain, à son amour des livres, à son dynamisme et à son attention aux lecteurs qu'il aimait guider dans leurs choix. Patricia ajoute que la librairie continue pour rester fidèle à leur aventure.

         Merci Alain de m'avoir permis d'écrire ce texte sur la "nature". Une commande en quelque sorte. Un texte que je portais, je l'ignorais, tu le pressentais. Voilà ta force, voir en un clin d'œil ce dont l'autre a besoin. C'est comme si tu m'avais dit : "Ce thème est pour toi !"

    André

  • De la toile au texte

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    S’attacher à l’infime

    car c’est là que la mémoire écrit

     

    Une sensation d’aiguillée

    au moment de passer

    du trait au mot

    de la toile au texte

     

    André. Renaître chaque jour

  • Chemins croisés

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    Geneviève Briot, auteure 
    André Cohen Aknin, auteur
    Laurence Frey, pianiste
    Franck Giraud, Clarinettiste
     
    Deux auteurs de la Drôme des Collines et deux musiciens donnent un récital de "poésie musique".
    Geneviève et André vivent ensemble à Geyssans, ils écrivent du théâtre, de la poésie, des romans. Lui est un gars du sud, elle est une fille du nord. Elle aime le café italien, il préfère le café américain. Au bureau, il met son bonnet d’écriture, elle met ses chaussettes "littérature". Ils parlent des poètes qui sont à la source de leur écriture, ils vous invitent dans leurs univers traversés par des éclats de musiques et de voix.   
    Laurence et Franck, dans leurs jeux de langage et de musique, leurs glissements de son et de sens, tricotent avec facétie les matériaux sonores. 
     
    Salle des fêtes de Geyssans, 17 mars 2018 à 20h
     
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